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Ces jeunes qui font bouger la démocratie

À 23 ans, Ilyes Bakhti siège au conseil municipal d’une petite ville normande. Un sourire timide, mais des convictions bien ancrées : « Je viens d’un quartier où on ne nous a jamais demandé notre avis. Maintenant, je le donne, pour celles et ceux qu’on oublie. » Avec sa casquette vissée sur la tête et son sac à dos toujours prêt, il court d’un atelier jeunesse à une réunion pour le plan climat. Comme lui, de plus en plus de jeunes élu·es s’invitent dans les espaces de pouvoir local, portés par l’urgence sociale et écologique qu’ils vivent au quotidien. Ce sont les visages d’une démocratie qui cherche à se réinventer à hauteur d’humain.

Leur point commun ? Un engagement quasi viscéral, souvent né dans des associations, des expériences militantes ou des blessures trop longtemps tues. Léa, 27 ans, élue au conseil municipal de Clermont-Ferrand, raconte : « J’ai vécu en foyer éducatif, j’ai vu les failles du système. Être élue, c’est une manière de réparer, de construire autre chose. » Pour ces jeunes, la politique n’est pas un costume taillé pour une carrière, mais un outil, un levier pour peser sur les destins collectifs. Dans leurs mots, dans leurs gestes, il y a une volonté profonde de réparer les inégalités qu’ils ont endurées ou observées.

Mais si ces voix nouvelles infusent un souffle d’espoir, elles se heurtent aussi à des murs. La lenteur des institutions, les regards condescendants des plus âgés, les codes figés d’une politique trop souvent construite sans elles et eux. « On attend de nous qu’on fasse de la figuration ou qu’on parle jeunesse une fois par an, » confie Adriana, 21 ans, élue à la culture dans une ville de banlieue lyonnaise. Mais elle n’abandonne pas : « On ne rentre pas pour être sages, on est là pour bousculer, pour ouvrir. »

Ce vent nouveau dépasse les figures individuelles. Il s’ancre dans une envie collective de changer les règles du jeu démocratique. Assemblées citoyennes, budgets participatifs, consultations dans les collèges : les jeunes élu·es redessinent l’action municipale avec la participation comme socle. Ils et elles savent que l’éloignement entre élus et citoyens mine la confiance. « Pour moi, représenter, c’est tendre l’oreille d’abord », dit Ilyes. Le pouvoir n’est plus un sommet à conquérir, mais une main tendue, un outil partagé.

Dans une France en quête de liens et d’espoir, la jeunesse engagée municipale incarne une transition éthique autant que politique. Elle impose, par sa présence, une autre manière de gouverner : plus inclusive, plus ancrée, plus vivante. Ces élu·es incarnent cette idée que chaque politique, chaque budget, chaque projet local a un visage, une histoire, une conséquence humaine. Et peut-être, à force de petits pas dans les mairies, sur les trottoirs ou dans les CM2, ils et elles réussiront à remettre la démocratie au centre des vies qu’elle est censée servir.

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