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Terre arrachée, avenir trafiqué

On tente de nous vendre le rêve minier comme on nous vendait jadis l’amiante : avec le sourire faux des publicités gouvernementales et la promesse creuse du progrès. Les ‘minéraux critiques’, ces nouveaux rois du green capitalism, brillent dans les discours de François Legault comme des lingots d’or dans les yeux des investisseurs. Mais derrière la stratégie marketing du Plan Nord et de la transition énergétique se cache une saignée sans anesthésie : celle des forêts, des rivières, et des peuples qui les habitent.

Dans les communautés directement touchées, la notion d’« acceptabilité sociale » prend des allures de farce cynique. On coche des cases, on simule la consultation, puis on dynamite le sol. La population se méfie, à raison : selon un récent baromètre, les Québécois·es sont de plus en plus sceptiques face à l’industrie minière. Mais ce scepticisme ne suffit pas. Il faut une rupture. Car en continuant à chanter l’hymne minier dans un registre vert, Québec perpétue un extractivisme colonial qui broie la Terre et piétine la souveraineté autochtone.

Dans Eeyou Istchee, sur la Côte-Nord, en Abitibi, les voix autochtones sont souvent reléguées à des formalités protocolaires. La terre leur parle, mais le gouvernement ne les écoute pas. Même les Inuits de Kangiqsujuaq, directement menacés par des projets d’extraction de nickel, dénoncent des consultations bâclées, tronquées. C’est encore la logique du pillage utilitaire : on prend ce qu’on veut, on transforme les territoires en zones de sacrifice, et on appelle ça développement durable. C’est insultant. C’est violent.

Ce qu’on appelle ici projet énergétique « vert » ne l’est que sur le PowerPoint des entreprises. Dans la boue, c’est autre chose. Déforestation. Empoisonnement de l’eau. Écosystèmes ravagés. C’est une transition peinte en vert mais tachée de sang : le vert-washing à l’état brut. La croissance verte n’est qu’un oxymore pour maintenir le capitalisme sous respirateur. Et pendant que les élites cumulent les dividendes, des étudiant·es, des mères, des aîné·es montent aux barricades pour protéger un bout de forêt, une rivière, une espérance.

Il est temps de fissurer le récit industriel. De passer de la transition à la transformation. Ce n’est pas d’un lithium québécois dont on a besoin. C’est d’un soulèvement décolonial et écologique. Un front populaire enraciné dans les luttes locales, les savoirs autochtones et la justice intergénérationnelle. Des mines, ou des forêts : il faut choisir. Et nous choisirons la vie, pas les profits. Nos pancartes le crient déjà : pas de planète B, pas de mine ici.

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